Morale,

Ethique...

 

 

Erpetologie, Herpétologie: n.f.(gr. herpeton, reptile et logos, sciences).

Partie de l'histoire naturelle qui traite des reptiles.

Naturalisme: n.m.(lat. natus, nativité, nature).

Ecole littéraire et artistique du XIXème siècle, qui par l'application à l'art des méthodes de la science positive, visait à reproduire la réalité avec une objectivité parfaite et dans tous ses aspects, même les plus vulgaires.

Terrariophilie, Terrariologie ???

Hélas de grands débordements... Un marché récent s'est implanté; chacun tirant partie de ce matériau nouveau que sont les Nouveaux Animaux de Compagnie, omettant, leurs richesses devenues pécuniaires sont de petites vies, injustement prélevées et engeolées pour un devenir bien incertain...

Je déplore des espèces soient prélevées et non reproduites en captivité (une histoire de gros sous et de collection(s)!)

Un non-respect évident très pesant!

Un article paru dans Le Monde m'a fait bondir où le soigneur lui-même se qualifie de "collectionneur" et le vétérinaire spécialisé -"qui soigne la Mygale"- et participe activement sur divers forums dédiés aux Chéloniens, se targue de n'apprécier que moyennement les animaux exotiques!!!

QUI A PEUR DES NAC ?

Furets, pythons, iguanes ou chiens de prairie (NAC) font fureur. Au point que les refuges, produits et vétérinaires spécialisés se multiplient.

Une passion dangereuse.

Le furet fait fureur. Le python aussi. Sans oublier le perroquet, l'iguane ou le chien de prairie. Bien sûr, ceux qu'on appelle les NAC (nouveaux animaux de compagnie) n'ont pas encore détrôné les chats, les chiens, ni les poissons. La France n'est pas la Grande-Bretagne, où, comme l'a déploré le mensuel la tortue dans son N° d'août, le nombre des reptiles détenus comme pets (soit environ 5 millions de serpents et lézards) dépasse désormais celui des chiens. L'Hexagone résiste. Mais l'engouement est là; la bête sauvage d'appartement est un produit en plein essor.

"Quand j'ai commencé, tout le monde me regardait comme un martien. Aujourd'hui, c'est une mode", constate Yann. Cet informaticien de trente-trois ans a longtemps eu chez lui, dans son logement de province, plusieurs dizaines de serpents. Depuis qu'il vit avec sa compagne et qu'ils ont un enfant, Yann n'a gardé que "deux pythons royaux -les plus gentils". Pastel et Domino, ce sont leurs noms, font partie de la famille, comme le berger allemand.

Contrairement à Yann, qui a lutté pour transformer sa phobie initiale en "passion", et qui a acheté ses premiers serpents exotiques dans une jardinerie parisienne, Michel, un retraité de soixante-six ans, installé avec son épouse dans une vieille maison de campagne, a côtoyé dès l'enfance, aux côtés de son grand père, qui "chassait les vipères pour les vendre à un laboratoire", le monde redouté des reptiles. "Mon grand père ne les tuait jamais: il mettait le pied dessus, doucement, et les saisissait avec deux doigts, derrière la tête", se souvient-il.

Quand Michel a commencé à collectionner les serpents, le matériel ad hoc n'existait pas en magasin. "Il fallait tout faire soi-même. Pour leur apporter la chaleur, je bricolais des ampoules. Pour les nourrir, je leur donnais des souris blanches. Vivantes, évidement." Aujourd'hui, dans les animaleries spécialisées, on achète les souris congelées et l'équipement en kit. Pour Michel, le temps de la chasse aux vipères n'est plus. Mondialisation aidant, l'ère du musée vivant exotique l'a remplacé.

Des pièces entières de sa maison sont occupées par des bocaux en verre, des terrariums, où sont détenues plusieurs dizaines de serpents -ainsi que quelques spécimens de tortues. Son épouse, Brigitte, est une mordue des batraciens. La propriété est assez vaste pour accueillir des chevaux, des chats, des chiens, des oiseaux et même, parfois, les lamas des voisins. Nicolas a moins de chance. Cet étudiant en médecine a dû se résoudre, faute de place, à installer ses terrariums et leurs ondoyants occupants dans la chambre à coucher de son petit F2 -intrusion que sa copine apprécie "modérément". mais les serpents le fascinent au point qu'il s'est lancé dans l'élevage, "j'ai un bout d'Afrique chez moi", résume-t-il. Nicolas n'est pas une exception.

"Pour beaucoup de clients, comme pour l'immense majorité des éleveurs, la nature demeure quelque chose de lointain, d'exotique, explique Karim Daoues, patron de la Ferme tropicale, une animalerie parisienne spécialisée dans les reptiles. Les pays d'origines des serpents, en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, il n'y ont jamais mis les pieds. Le terrain, ce n'est pas leur truc. Le terrarium est un raccourci de la nature sauvage." Ce que confirme le vétérinaire Lionel Schillinger, spécialiste et amateur de reptiles: "on se recrée un biotope à la maison." En les faisant se reproduire, "on est devenu la mère nature, on a pris le pas sur elle. Comme les horticulteurs ou les aquariophiles", s'enhardit Karim Daoues. Les spécialistes, comme le Docteur Schillinger ou son confrère Didier Boussarie, auteur de nombreux ouvrages et articles sur les NAC, estiment à environ un million le nombre de reptiles détenus en France par les amateurs -essentiellement des hommes. Presque rien comparé aux quelques dix-sept millions de chiens et chats (43,7% des animaux de compagnie, selon le dernier sondage Sofres 2003, réalisé pour les fabricants d'alimentation pour chiens, chats et oiseaux, la Facco) que comptent les foyers français. "Pour les reptiles, on n'a pas d'outils de mesure fiables, en dehors du marché -qui a triplé depuis le début des années 1990", relève Karim Daoues. Il sait de quoi il parle: alors que son premier magasin, ouvert en 1993, était une boutique de 44m2, sa ferme tropicale s'étend sur plus de 600m2 et aligne un chiffre d'affaire annuel de 2 millions d'euros.

"un vrai décollage", sourit le jeune chef d'entreprise. Avec, à la clef, son lot de mauvaises surprises ("le serpent, c'est le roi de l'évasion", note Yann), de morsures ou de maladies -comme la salmonellose. Sans forcément plus de problèmes qu'ailleurs. "Les espèces originales ou exotiques ne sont pas plus mal élevées que les espèces banales. Il y a même, en proportion, beaucoup plus de rongeurs maltraités, par méconnaissance ou par négligence, que de reptiles", souligne le professeur Jean-François Courreau, qui exerce à l'Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort.

Signe des temps, cette vénérable institution vient d'introduire pour la première fois, dans son programme 2004-2005, une option d'enseignement spécial -NAC. Mais doit-on vraiment parler d'animaux "de compagnie" ? En ce qui concerne les poissons ou les reptiles, les clients eux-mêmes, croisés devant les terrariums de la ferme tropicale ou sur le quai de la Mégisserie, où alternent animaleries et jardineries, parlent d'animaux "d'agrément" ou "de décor".

POURQUOI choisir un poisson rouge plutôt qu'un boa ou une mygale? "les animaux, c'est comme la musique, tranche un vendeur. Certains préfèrent le jazz, d'autres le classique." Quai de la mégisserie, fin novembre, un magasin n'est-il pas allé jusqu'à proposer des animaux "d'ornement" -des daims en l'occurrence sensés mettre un peu de vie (sauvage) dans les parcs de demeures privées? "J'ai dû décourager une dame qui en voulait pour son appartement. Un grand appartement dans le XVIeme arrondissement, mais tout de même...", soupire l'employé.

A la fois "miroir" et "faire-valoir" de l'homme, l'animal est choisi "pour donner une image singulière de son maître", estime l'ethnologue Jean-Pierre Digard, dont l'ouvrage Les Français et leurs animaux (Fayard, 1999) doit être prochainement réédité. "Alors que le caniche, par exemple, est vu comme un chien pour efféminé, le pitbull est présenté comme un chien pour mec viril, explique-t-il. Pour le python, il y a le modèle "caillera" et le "BCBG". La palette s'élargit au sein de l'univers des chiens et des chats, mais aussi à travers les espèces: on passe aux furets, puis aux mygales, etc. C'est une expansion sans fin."

Inépuisable, la "béstise" humaine l'est peut être. les bêtes elles-mêmes, en revanche, se retrouvent quelques fois menacées de raréfaction voire d'extinction. C'est le cas de certaines espèces de perroquets, prélevées dans leur milieu naturel, comme "le gris d'Afrique (Erythacus psittachus), les amazones et les aras", regrette le docteur Boussarie. "Entre 40 et 50% des oiseaux sauvages capturés meurent avant même d'être exportés, du fait des méthodes employées pour les piéger et les conditions de transport et de détention, souvent lamentables", souligne Stéphane Ringuet, l'un des responsables du programme Traffic, créé par le Fond mondial pour la nature (www.traffic.org).

Anne et Alain Boisset, fondateurs de l'Association de sauvegarde et d'accueil des perroquets, près de Rambouillet, dans les Yvelines, ne démentiront pas. "Beaucoup d'acheteurs de perroquets veulent un oiseau magique -qui parle, qui chante, avec qui ils auront une relation affective. Ils rêvent de le domestiquer. Mais c'est un contresens absolu. Le perroquet demeure un animal sauvage, même s'il a été élevé en captivité, à la main", explique Anne Boisset, infatigable dénonciatrice des réseaux mercantiles qui font du commerce des animaux exotiques une manne.

Le rez-de-chaussée de la belle maison de Raizeux été transformé en volière. le salon a disparu sous les immenses cages, où s'ébattent, hurlant à tue-tête, aras, cacatoès et autres psittacidés: tous ont été perdus, abandonnés, ou saisis par les douanes. Les Boisset habitent à l'étage. Etre envahis ne les gêne pas: "le peu qu'on fait, ça évite au moins la mort de ceux-là", dit la maîtresse de maison, en désignant les volatiles. (... ... ..)

Installé dans le midi de la France, le docteur Yves Firmin, co-fondateur du Groupe d'Etudes des nouveaux animaux de compagnie (Genac), soigne tous les animaux sans distinction, rats, mygales et sangliers compris. "Tous les animaux ne sont pas faits pour vivre avec l'homme, insiste-t-il. Personnellement, je vis très bien sans NAC. Mon chien Jack Russell et mes trois enfants me suffisent" s'amuse le vétérinaire, qui n'en fustige pas moins les animaleries "qui vendent n'importe quoi à n'importe qui" et dénonce les "profits incroyables" générés par le trafic des animaux.

Selon cet iconoclaste, les amateurs de NAC "se partagent entre les abrutis, qui se servent de l'animal pour frimer et les passionnés, pour qui il représente un rêve ou la beauté". Si "dans chaque animal il y a des merveilles à découvrir", l'homme peut "s'en inspirer". Mais "qu'il s'y intéresse en scientifique, pas en imbécile". (... ... ...)

Les NAC, qui ont désormais leurs vétérinaires, leurs magasins spécialisés et leurs refuges, ont aussi leur curé. (... ... ...)

"Il n'y a pas de bêtes sauvages, avertit le Dr Firmin. il y a des animaux libres et d'autres qui sont captifs." Il suffirait, pour s'en convaincre, de relire Le Chien et le Loup, d'un certain Jean de La Fontaine...

Catherine Simon, Le Monde, 20.12.2004.